Les certifications environnementales, en fixant des objectifs de performance au-delà des réglementations, sont un moyen pour les propriétaires, gestionnaires et utilisateurs de bâtiments de mettre en avant les atouts de leurs projets de construction ou rénovation et immobilier en exploitation en matière d’environnement et de santé et bien-être. Par ce biais, elles ont aidé à une prise de conscience collective de la nécessité de réduire l’impact environnemental des activités liées au secteur. La démarche est aujourd’hui bien avancée, voire acquise pour certains acteurs, sur les thématiques énergie, carbone, biodiversité, matériaux biosourcés… Mais qu’en est-il du réemploi ?

État des lieux de l’intégration du réemploi dans les certifications et labels :

Il aura fallu attendre mais, aujourd’hui, l’économie circulaire, et en particulier le réemploi, sont intégrés dans une certaine mesure dans les certifications et labels environnementaux. Tous incitent les maîtrises d’ouvrage à considérer cette démarche pour leur projet de construction, rénovation et exploitation, même si le degré de prise en compte varie selon les référentiels.

Le tableau ci-dessous résume les thématiques relatives au réemploi  , qu’il est possible de valoriser dans les certifications :

Au sein des certifications et labels, une vraie dynamique en faveur du réemploi se met donc en place, pour toutes les échelles et typologies de projet (petits plateaux de bureaux, démolition, restructuration lourde…).

Les certifications, moyen de valorisation, d’accompagnement et levier pour le réemploi

Les certifications, au-delà de demander un effort sur la performance environnementale des bâtiments, sont également un moyen pour les maîtrises d’ouvrage de communiquer, de mettre en lumière l’intégration de techniques innovantes et la démarche RSE/Bas carbone de leurs projets, et donc du réemploi. Ainsi, un projet certifié HQE BD V4 avec un point fort sur la thématique « DVET2 Economie circulaire, réemploi et filières locales », pourra attester de la mise en place de matériaux et procédés réemployés mais également gagner plus de points qu’un projet classique. La certification Living Building Challenge, quant à elle, double les points lors de la mise en place du réemploi sur les points le proposant.

D’autre part, en fournissant une trame méthodologique, les certifications sont aussi un facilitateur à l’intégration du réemploi dans les projets. Pour atteindre des points, elles demandent la mise en place d’outils de suivi, de bilans, etc., permettant de cadrer et orienter la mise en place du réemploi. On citera par exemple les cahiers des charges des référentiels pour les diagnostics ressources, l’inclusion des clauses réemploi aux CCTP, ou encore des études économiques, carbone et sociale dans les projets de construction et rénovation. À titre d’exemple, le label Circolab évalue la performance qualitative du réemploi d’un projet immobilier tout en fournissant des outils de méthodologie et de management. Sur les référentiels exploitation (HQE, BREEAM in Use), il est demandé de favoriser le réemploi futur des produits du site par la réalisation, en amont de toute rénovation, d’un inventaire. . Cette réutilisation pourra se faire in situ, par une intégration des éléments démontés au stock des activités d’entretien maintenance.

Enfin, par la répétition de l’intégration du réemploi dans différentes thématiques, déchets/matériaux/approvisionnement des référentiels, les certifications sont un vecteur d’influence intéressant pour montrer l’importance du réemploi dans la conjoncture actuelle. Elles incite à la diminution de la production de déchets, de l’impact carbone des projets et de l’épuisement des ressources.  Par ce biais, les maîtrises d’ouvrage et maîtrises d’œuvre comprennent que cette démarche ne concerne plus seulement la maison individuelle ou les projets démonstrateurs mais peut faire partie intégrante de grands projets immobiliers. L’intégration dans les certifications du réemploi lui confère une reconnaissance. Il a été testé et approuvé par des sachants, permettant son entrée dans les référentiels en tant que solution pertinente face aux défis environnementaux et à la crise des matériaux actuels. Le réemploi pourrait devenir rapidement une technique courante. Et le monde du BTP est encouragé à se saisir du sujet.

Au-delà, des certifications historiques généralistes concernant le bâtiment durable, un écosystème de démarche et de labels bas carbone s’est créé (Cradle to Cralde, LEED Compliant, ISO 17889-1, EcoLabel…). Il valorise l’économie circulaire à la fois à l’échelle du bâtiment et celle des matériaux. Les démarches s’emboîtent les unes avec les autres. À titre d’exemple, BREEAM, LEED et WELL mentionnent le C2C (Cradle to Cradle) pour les matériaux et mobiliers labellisés. Les fournisseurs de matériaux ou mobiliers sont incités à intégrer des objectifs de conception circulaire pour être retenus sur des projets à haute valeur environnementale. La réflexion sur la fin de vie des produits, et leur réutilisation ou recyclage est donc l’affaire de toute la chaîne du bâtiment, du maître d’ouvrage, aux fournisseurs. Et des organes de réflexion, de facilitation et d’échange entre acteurs de la démarche réemploi, tels que le Booster, se développent afin de consolider cet écosystème.

 

Un article signé Lucile Delettre, Cheffe de projet Bâtiment Durable, référente Économie circulaire chez ARP Astrance.

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